L'action Moderna chute suite à la décision américaine de réduire le financement vaccinal de 2,6 milliards de dollars à Gavi
Chute des actions Moderna : Les États-Unis se retirent de l'alliance mondiale pour les vaccins : Un tournant pour la biotechnologie et la santé mondiale
Aujourd'hui, l'action Moderna a chuté de 4,58 % pour atteindre 32,30 $. La décision de l'administration Trump de supprimer 2,6 milliards de dollars de financement pour les vaccins via Gavi signale un réalignement stratégique qui inquiète les experts en santé mondiale, les investisseurs et les analystes géopolitiques. En arrière-plan, on observe une convergence plus profonde de la volatilité des marchés, de l'incertitude en matière de santé publique et d'un repli de la politique étrangère qui pourrait remodeler Wall Street et les pays du Sud.
Un double choc : Le marché de la biotechnologie touché rencontre le recul de l'aide étrangère
Le secteur de la biotechnologie a été confronté à une dure réalité du marché cette semaine, les actions de Moderna – autrefois le symbole de l'innovation de l'ère de la pandémie – ayant chuté de manière spectaculaire à 32,30 $, soit une perte de 4,58 % en une seule séance. Mais ce qui pourrait être considéré comme une correction de routine a rapidement pris de l'ampleur aux yeux des investisseurs institutionnels, coïncidant avec une annonce politique de grande envergure de l'administration Trump : la fin prévue du soutien financier américain à Gavi, l'Alliance pour les vaccins.
Le saviez-vous ? Gavi, l'Alliance du Vaccin, a joué un rôle déterminant dans la sauvegarde de millions de vies dans le monde. Fondé en 2000, ce partenariat mondial pour la santé a contribué à vacciner plus de 1,1 milliard d'enfants et à prévenir plus de 18,8 millions de décès futurs. En rassemblant les gouvernements, les organisations de santé et les partenaires du secteur privé, Gavi a accru l'accès aux vaccins dans les pays les plus pauvres du monde, augmentant considérablement les taux de vaccination. Ses approches novatrices ont non seulement amélioré la santé publique, mais ont également généré des avantages économiques substantiels, estimés à plus de 250 milliards de dollars. Malgré ces réalisations, Gavi continue de s'efforcer de faire en sorte que tous les enfants aient accès à des vaccins vitaux, en s'attaquant au problème persistant des maladies évitables par la vaccination qui tuent environ 1,5 million d'enfants chaque année.
La subvention, évaluée à 2,6 milliards de dollars jusqu'en 2030, avait fait des États-Unis le plus grand contributeur individuel de Gavi, responsable de 13 % de son financement. Depuis sa création il y a 25 ans, Gavi a facilité des vaccinations qui ont sauvé environ 19 millions de vies d'enfants dans les pays en développement. Aujourd'hui, ce programme est en péril.
La juxtaposition de ces deux événements – l'incertitude biotechnologique et le retrait américain du leadership mondial en matière de santé – offre un récit puissant que les traders, les analystes politiques et les responsables de la santé publique surveillent avec une inquiétude croissante.
À l'intérieur de la chute de Moderna : Le marché surréagit-il ou voit-il clair ?
La chute de Moderna, bien que brutale, n'est pas totalement inattendue à la lumière des recalibrages post-pandémiques. Les analystes évoquent des prévisions de revenus à la baisse et l'atténuation de l'effet d'entraînement des ventes de vaccins COVID-19 comme catalyseurs. "C'est un marché qui s'adapte encore au nouvel équilibre des valorisations biotechnologiques", a noté un gestionnaire de fonds. "Moderna ne s'effondre pas, elle sort simplement d'un cycle de battage médiatique."
En effet, plusieurs voix affirment que la liquidation pourrait être prématurée. Le pipeline de Moderna comprend des candidats ARNm de nouvelle génération en oncologie, VRS et grippe, qui pourraient chacun débloquer de nouvelles sources de revenus. La société dispose également d'importantes réserves de liquidités, ce qui la protège des problèmes de liquidités.
Le saviez-vous ? Les vaccins à ARNm représentent une approche révolutionnaire de la vaccination. Contrairement aux vaccins traditionnels, ils ne contiennent aucune partie de l'agent pathogène réel. Au lieu de cela, ces vaccins utilisent de l'ARN messager (ARNm) synthétique pour donner à nos cellules des instructions afin de produire une protéine spécifique présente à la surface d'un virus ou d'une bactérie. Une fois injecté, cet ARNm pénètre dans nos cellules, où la machinerie cellulaire lit les instructions et produit la protéine cible. Cette protéine déclenche alors une réponse immunitaire, apprenant à notre corps à reconnaître et à combattre le véritable agent pathogène s'il le rencontre à l'avenir. L'ARNm lui-même se dégrade en quelques jours, sans laisser de trace permanente. Cette technologie innovante permet un développement et une modification rapides des vaccins, ouvrant de nouvelles possibilités dans la lutte contre diverses maladies, y compris certains types de cancer.
Certains analystes considèrent la correction comme un événement de réévaluation plutôt que comme un référendum sur la viabilité de Moderna. "Le marché apprend encore à évaluer la biotechnologie post-COVID. Moderna pourrait être sous-évaluée en ce moment, mais cela ne dure pas éternellement", nous a confié un analyste de fonds spéculatifs spécialisé dans la biotechnologie.
D'autres restent toutefois prudents. La récente dégradation par les grandes sociétés d'investissement souligne les préoccupations concernant le risque d'exécution à court terme. Sans un événement de niveau pandémique pour stimuler les revenus, Moderna est maintenant confrontée au défi de passer d'une entreprise monoproduit à une entité pharmaceutique diversifiée, un chemin semé d'embûches stratégiques et réglementaires.
Le retrait de Gavi : Une mesure de réduction des coûts aux conséquences mondiales
La décision de l'administration Trump de mettre fin au financement de Gavi a été enfouie dans un document de 281 pages de l'USAID soumis discrètement au Congrès. Alors que certaines subventions pour le VIH, la tuberculose et l'aide alimentaire se poursuivront, la fin de Gavi est emblématique d'un changement idéologique plus large : s'éloigner de l'aide multilatérale et se tourner vers un repli budgétaire "l'Amérique d'abord".
Résumé des principaux donateurs à Gavi, l'Alliance pour les vaccins
| Donateur | Contributions totales (en dollars US) | Notes clés |
|---|---|---|
| Royaume-Uni | 2 080 millions | Principal donateur global à Gavi. |
| Fondation Bill & Melinda Gates | 1 552 millions | Principal donateur privé à Gavi. |
| États-Unis | 1 380 millions | Troisième donateur en importance ; contribue à hauteur de 12 % du financement global et de 15 % du financement gouvernemental. |
| Norvège | 830 millions | Donateur gouvernemental important. |
| Allemagne | 773 millions | Principal contributeur européen. |
| France | 549 millions | Soutien constant aux programmes de Gavi. |
Les partisans de cette mesure la présentent comme un réalignement nécessaire. "L'idée est de réduire les engagements internationaux et de donner la priorité aux dépenses intérieures", a déclaré une source proche de l'administration. Ils soulignent que l'aide étrangère représente moins de 1 % du budget fédéral et que la réduction de cette "inefficacité" est à la fois symbolique et stratégique.
Le saviez-vous ? L'aide étrangère ne représente qu'environ 1,2 % du budget fédéral américain. Au cours de l'exercice 2023, cela s'est traduit par environ 71,9 milliards de dollars sur plus de 6,1 billions de dollars de dépenses fédérales totales. Malgré sa faible part, la perception du public surestime souvent les dépenses d'aide étrangère, beaucoup pensant qu'elles constituent une part beaucoup plus importante du budget – en moyenne, les gens estiment qu'elles représentent environ 26 %. Cet écart important entre la perception et la réalité souligne l'importance de comprendre l'allocation réelle des fonds fédéraux.
Les critiques, cependant, tirent la sonnette d'alarme. Gavi est depuis longtemps une pierre angulaire de l'effort mondial visant à prévenir les maladies évitables par la vaccination. En fournissant des vaccins aux nations les plus pauvres, Gavi aide à réprimer les épidémies qui, si elles ne sont pas maîtrisées, pourraient muter et atteindre une ampleur mondiale.
"Ce n'est pas seulement un échec éthique, c'est un échec stratégique", a déclaré un chercheur en santé mondiale. "Les lacunes en matière de vaccination en Afrique ou en Asie du Sud-Est aujourd'hui peuvent devenir des pandémies mondiales demain. Et les États-Unis viennent de se retirer de leur pare-feu."
Au-delà de la moralité : Comment le risque de marché est lié à la vaccination mondiale
Pour les investisseurs chevronnés, ces développements sont plus que des jeux de politique ou de moralité : ce sont des vecteurs de risque importants. L'intersection de la volatilité de la biotechnologie et du risque géopolitique pour la santé oblige les gestionnaires de portefeuille à réévaluer l'exposition à de multiples classes d'actifs.
Implications biotechnologiques
La réduction des efforts de vaccination mondiaux augmente la probabilité d'épidémies de maladies, ce qui peut réorienter les fonds publics vers les interventions d'urgence, fausser les chaînes d'approvisionnement des soins de santé et entraîner des changements dans les priorités pharmaceutiques. Cela peut créer des opportunités à court terme pour certaines entreprises de biotechnologie, mais aussi une instabilité à long terme qui compromet la planification prévisible des revenus.
Un gestionnaire de portefeuille principal dans le secteur de la santé l'a dit sans détour : "Nous ne sommes pas seulement inquiets des revenus de Moderna. Nous sommes inquiets du bruit systémique : ce qui arrive à l'infrastructure mondiale de la santé, à la protection de la propriété intellectuelle des vaccins, aux normes d'approvisionnement d'urgence, lorsque les États-Unis quittent le terrain."
Marchés émergents et risque souverain
Pour les économies émergentes qui dépendent des programmes soutenus par les États-Unis, la chute du financement pourrait être catastrophique. Les monnaies locales, les spreads de la dette souveraine et les flux de capitaux sont tous influencés par les indicateurs de santé mondiaux. Une augmentation des maladies infectieuses peut rapidement se traduire par une instabilité économique, des risques que les gestionnaires d'actifs doivent maintenant réévaluer.
Le saviez-vous ? Les crises de santé publique peuvent avoir un impact profond sur la stabilité économique des marchés émergents. La pandémie de COVID-19, par exemple, a entraîné une contraction importante de ces économies, avec une baisse prévue de 3,2 % en 2020. Les marchés émergents ont été confrontés à de multiples défis, notamment les confinements nationaux, la réduction de la demande extérieure et la volatilité des marchés financiers. Cela s'est traduit par une augmentation de la pauvreté et des niveaux d'endettement insoutenables pour de nombreux ménages et entreprises. La pandémie a également déclenché la plus grande crise économique mondiale en plus d'un siècle, affectant de manière disproportionnée les populations défavorisées et inversant des décennies de progrès dans la réduction de la pauvreté mondiale. Dans l'ensemble, l'interaction entre la santé publique et la stabilité économique souligne la nécessité de disposer de systèmes de santé robustes et d'une résilience économique dans les marchés émergents.
Comme l'a expliqué un analyste, "Des coupes dans la santé mondiale comme celles-ci augmentent le risque extrême dans les marchés en développement. Cela affecte tout, de la solvabilité souveraine à la volatilité des taux de change. Ce n'est plus seulement une question humanitaire, c'est macroéconomique."
Un pivot stratégique ou un vide de leadership ?
La signification plus large de ces mouvements n'échappe pas aux experts en politique étrangère. Depuis sa création, Gavi incarne la puissance douce américaine, utilisant la science et la philanthropie pour établir des alliances et projeter la stabilité. En se retirant, les États-Unis pourraient céder du terrain non seulement à la maladie, mais aussi à des acteurs géopolitiques rivaux désireux de combler le vide.
Le saviez-vous ? Le "soft power" est un outil puissant dans les relations internationales. Il s'agit de la capacité d'un pays à influencer les autres par l'attraction et la persuasion, plutôt que par la force ou la coercition. Cette influence découle de l'attrait culturel, des valeurs politiques et des politiques étrangères qui sont considérées comme légitimes et moralement autoritaires. Contrairement au "hard power", qui repose sur la puissance militaire ou économique, le soft power utilise les icônes culturelles, les échanges éducatifs, l'influence des médias et les efforts diplomatiques pour façonner les perceptions mondiales. Parmi les exemples, citons la popularité mondiale des films américains, de la littérature britannique ou de la musique pop coréenne, ainsi que des programmes comme les bourses Fulbright. En tirant parti de ces ressources de soft power, les pays peuvent établir des relations positives et atteindre leurs objectifs sans recourir à la force ou à la pression économique.
"Le risque à long terme est que nous perdions de l'influence dans les régions qui comptent", a déclaré un ancien diplomate. "La Chine a déjà intensifié sa diplomatie sanitaire. Cela leur facilite la tâche."
En l'absence de financement américain, certains pensent que des organisations philanthropiques privées ou des gouvernements européens pourraient intervenir. Mais peu de gens pensent qu'ils peuvent compenser entièrement un déficit de 2,6 milliards de dollars.
Conclusion : Entre volatilité et vulnérabilité
À première vue, la chute de Moderna pourrait sembler être une histoire spécifique à la biotechnologie, qui fait partie d'un secteur qui s'adapte aux nouvelles réalités. Mais dans l'ombre des vastes coupes américaines dans l'aide étrangère, un récit différent émerge : celui de l'interconnexion.
Le marché se recalibre, mais le monde aussi. Les vaccins ne sont pas seulement des outils de santé publique, ce sont des instruments de diplomatie, de stabilité économique et d'influence stratégique. Alors que les États-Unis se retirent, les marchés sont laissés à naviguer dans une matrice de plus en plus complexe de santé, de politique et d'allocation de capital.
Pour les investisseurs, la voie à suivre ne consiste pas seulement à évaluer les pipelines ou à suivre les conférences téléphoniques sur les résultats, mais aussi à comprendre comment les décisions politiques se répercutent sur les chaînes d'approvisionnement, les marchés émergents et la stabilité mondiale. Sur le marché actuel, la biotechnologie et la géopolitique ne sont plus des domaines distincts, mais les deux faces d'une même courbe de risque.
La question de savoir si cette convergence créera des opportunités ou le chaos dépendra de la manière dont les institutions – financières et gouvernementales – choisiront de réagir.