Le bras de fer sur la réforme fiscale au Japon : la coalition au pouvoir propose un seuil de 1,23 million de yens, le PDP en demande davantage
La coalition au pouvoir au Japon propose une augmentation significative de la déduction d'impôt sur le revenu face à une opposition politique
Dans une décision importante concernant le seuil de revenus japonais de 1,03 million de yens, le Parti libéral-démocrate (PLD) et son partenaire de coalition Komeito ont proposé d'augmenter le seuil de déduction d'impôt sur le revenu de 1,03 million à 1,23 million de yens. Cet ajustement stratégique vise à alléger le fardeau financier des travailleurs à temps partiel et des conjoints à charge. Cependant, le Parti démocrate du peuple (PDP) a rejeté cette proposition, plaidant pour une augmentation plus substantielle, à 1,78 million de yens. Le débat qui s'ensuit met en lumière l'interaction complexe entre la politique budgétaire, la stimulation économique et la négociation politique dans le paysage de la réforme fiscale japonaise.
Points clés de la réforme fiscale proposée
Lors du cinquième cycle de discussions sur le système fiscal, le 13 décembre, la coalition au pouvoir a présenté plusieurs ajustements importants :
- Augmentation de la déduction de base : La déduction de base devrait passer de 480 000 à 580 000 yens, offrant un allégement fiscal immédiat à une plus large partie de la population.
- Amélioration de la déduction pour revenus d'emploi : La déduction pour revenus d'emploi passerait de 550 000 à 650 000 yens, soit une augmentation de 20 % alignée sur la hausse du coût de la vie (alimentation et services publics notamment) depuis 1995.
- Calendrier de mise en œuvre : La coalition prévoit de mettre en œuvre ces changements l'année prochaine par le biais d'un ajustement fiscal de fin d'année, afin d'assurer un allégement rapide pour les contribuables.
Ces ajustements s'inscrivent dans une stratégie plus large visant à faire face aux pressions inflationnistes et à soutenir les revenus des ménages dans un contexte économique en évolution.
Rejet du PDP et appel à un seuil plus élevé
Contrairement à la proposition de la coalition au pouvoir, le Parti démocrate du peuple (PDP) a rejeté l'augmentation suggérée, se référant à l'accord tripartite du 11 décembre qui vise un seuil plus élevé de 1,78 million de yens. Le PDP estime que l'augmentation proposée de 1,23 million de yens est insuffisante pour supprimer efficacement la barrière de revenu existante qui limite la participation à la vie active des travailleurs à temps partiel et des membres de la famille à charge. Le parti s'est engagé à délibérer en interne avant d'entamer les négociations de la semaine prochaine, ce qui laisse présager une possible escalade des revendications en faveur de mesures d'allégement fiscal plus importantes.
Autres réformes fiscales et négociations futures
Au-delà des principaux ajustements de la déduction d'impôt sur le revenu, la coalition au pouvoir a consolidé plusieurs autres initiatives de réforme fiscale :
- Financement de la défense : La décision concernant le calendrier des affectations de l'impôt sur le revenu au financement de la défense a été reportée, afin de permettre une réflexion plus approfondie.
- Impôts sur les sociétés et le tabac : Des augmentations des impôts sur les sociétés et le tabac sont prévues pour avril 2026, conformément aux stratégies fiscales à long terme.
- Limites de cotisation iDeCo : Les cotisations mensuelles aux régimes de retraite par capitalisation individuels (iDeCo) vont fortement augmenter, passant de 7 000 yens à 62 000 yens, encourageant ainsi une plus grande épargne personnelle et une meilleure planification de la retraite.
Cependant, des questions clés restent en suspens, notamment la révision du seuil de déduction d'impôt de 1,03 million de yens, la gestion des taux provisoires de la taxe sur le gaz et la réduction possible des déductions pour les personnes à charge scolarisées au lycée. Ces sujets seront au cœur des prochaines négociations avec le PDP.
Réactions des parties prenantes et dynamique politique
Miyazawa, président de la commission des finances du PLD, a souligné l'engagement de la coalition envers cette proposition, comparant le processus de négociation à une partie de golf où une communication claire est essentielle. Il a déclaré : « Nous avons montré notre sincérité dans la proposition et avons demandé au PDP de « nous dire au moins où se trouve le green » puisque nous ne le « voyons » pas actuellement. »
Inversement, Furukawa, président de la commission des finances du PDP, a déclaré que la proposition de la coalition était inacceptable, réaffirmant la position du parti visant un seuil de déduction d'impôt sur le revenu plus élevé. Furukawa a indiqué que le PDP se réunirait en interne pour élaborer une contre-proposition avant les renégociations prévues la semaine prochaine.
Soutien et opposition à l'augmentation de la déduction d'impôt sur le revenu
La proposition d'augmenter le seuil de déduction d'impôt sur le revenu au Japon, de 1,03 million de yens à 1,78 million de yens, a suscité des opinions diverses parmi les experts et les parties prenantes.
Soutien à l'augmentation :
- Encourager la participation à la vie active : Les partisans soutiennent que le seuil actuel de 1,03 million de yens dissuade les travailleurs à temps partiel, notamment les étudiants et les conjoints, d'augmenter leurs heures de travail pour éviter de dépasser la limite, ce qui entraînerait des impôts plus élevés ou la perte du statut de personne à charge. Relever le seuil à 1,78 million de yens pourrait inciter ces personnes à travailler davantage, atténuant ainsi les pénuries de main-d'œuvre et stimulant les revenus des ménages.
- Stimulation économique : L'augmentation du seuil de revenu non imposable est considérée comme une mesure visant à augmenter le revenu disponible, ce qui pourrait entraîner une augmentation des dépenses de consommation et stimuler la croissance économique. Cette approche s'inscrit dans le cadre d'efforts plus vastes de stimulation économique visant à redynamiser l'économie japonaise.
Opposition à l'augmentation :
- Impact budgétaire : Les détracteurs s'inquiètent de la réduction substantielle des recettes fiscales, estimée entre 7 000 milliards et 8 000 milliards de yens, ce qui pourrait aggraver la dette publique déjà importante du Japon. Cette perte de recettes pourrait entraver la capacité du gouvernement à financer les services et les investissements essentiels.
- Effet limité sur l'offre de travail : Certains experts soutiennent que la simple augmentation du seuil d'impôt sur le revenu n'aura pas d'impact significatif sur l'offre de travail, car d'autres facteurs, tels que les seuils de cotisation à la sécurité sociale, influencent également les décisions des individus concernant leurs heures de travail. Sans une réforme globale qui s'attaque à ces multiples « barrières de revenu », l'augmentation souhaitée de la participation à la vie active pourrait ne pas se matérialiser.
Implications économiques et prédictions futures
Le débat sur le seuil de déduction d'impôt sur le revenu a des implications importantes pour diverses parties prenantes :
- Ménages : Une augmentation du seuil de revenu non imposable augmenterait le revenu disponible des travailleurs à temps partiel et des conjoints à charge, ce qui pourrait stimuler les dépenses de consommation et la croissance économique. Cependant, les critiques soulignent les préoccupations concernant l'impact budgétaire, estimant une perte potentielle de 7 000 à 8 000 milliards de yens de recettes fiscales, ce qui pourrait grever la dette publique du Japon et limiter le financement gouvernemental des services essentiels.
- Entreprises : Les entreprises confrontées à des pénuries de main-d'œuvre, notamment dans les secteurs de la vente au détail et de l'hôtellerie, pourraient bénéficier d'une main-d'œuvre plus importante si davantage de personnes sont incitées à travailler au-delà de la limite de revenu actuelle. Cependant, les entreprises pourraient également devoir adapter leurs structures de rémunération pour les aligner sur les nouveaux seuils.
- Gouvernement : Les réformes fiscales proposées pourraient nécessiter des ajustements plus larges des systèmes fiscaux et de sécurité sociale du Japon afin d'atténuer les pertes de recettes. Cela comprend la suppression d'autres barrières de revenu, telles que les seuils de cotisation à la sécurité sociale et les déductions pour personnes à charge.
Impact sur les principales parties prenantes
Ménages :
- Revenu disponible plus élevé : Une augmentation du seuil de revenu non imposable augmente directement le pouvoir d'achat des ménages, en particulier pour les travailleurs à temps partiel et les conjoints à charge. Cela pourrait se traduire par une augmentation de la consommation dans des secteurs tels que la vente au détail, les services de restauration et les loisirs.
- Changements d'incitations : La suppression du « mur des 1,03 million de yens » pourrait encourager les travailleurs à temps partiel à augmenter leurs heures de travail, contribuant ainsi à la participation à la population active. Cependant, cela pourrait réduire la demande d'emplois ultra-flexibles destinés aux personnes précédemment limitées par ce mur.
Entreprises :
- Expansion de l'offre de travail : Les entreprises confrontées à des pénuries de main-d'œuvre, notamment dans la vente au détail et l'hôtellerie, pourraient trouver un soulagement si davantage de travailleurs dépassent la limite de revenu actuelle.
- Stratégies des entreprises : Les entreprises pourraient devoir adapter leurs structures de rémunération pour les aligner sur les nouveaux seuils, en offrant potentiellement des emplois à temps partiel plus stables pour tirer parti d'une disponibilité accrue de la main-d'œuvre.
Gouvernement :
- Baisse des recettes : Une augmentation significative du seuil entraînerait une baisse initiale des recettes fiscales, nécessitant potentiellement un endettement plus important ou des coupes ailleurs. Les avantages à long terme dépendent de la capacité de la consommation et de l'offre de travail à compenser cette perte.
- Nécessité de réforme : Cette proposition pourrait imposer une réforme plus large du système fiscal, s'attaquant à d'autres seuils (par exemple, les cotisations à la sécurité sociale) et aux déductions pour personnes à charge.
Impacts économiques et boursiers
Stimulus à court terme :
- Augmentation de la demande de consommation : Un revenu disponible plus élevé pourrait soutenir la consommation, notamment dans les catégories essentielles et discrétionnaires, de l'alimentation à l'électronique. Les actions de la vente au détail pourraient progresser compte tenu de cette attente.
- Sentiment des investisseurs : Une perception positive de l'engagement du gouvernement à soutenir les ménages pourrait stabiliser les marchés. Cependant, les préoccupations concernant les déficits budgétaires pourraient dissuader les investisseurs en titres à revenu fixe.
Croissance à long terme :
- Gains de productivité : Une participation accrue de la main-d'œuvre pourrait entraîner une croissance plus forte du PIB, réduisant la pénurie structurelle de main-d'œuvre dans les secteurs clés.
- Dynamique inflationniste : L'augmentation du pouvoir d'achat pourrait exacerber les pressions inflationnistes à court terme, notamment sur les marchés à offre limitée.
Prédictions stratégiques
Tendances macroéconomiques :
- Déplacement vers la consommation intérieure : Une augmentation du revenu des ménages induite par la politique pourrait accélérer la transition du Japon d'une économie axée sur les exportations vers une économie axée sur la consommation.
- Essor de l'immobilier et des services financiers : À mesure que les travailleurs franchissent les seuils de revenu, la demande de produits d'investissement (par exemple, iDeCo) et de logements abordables pourrait augmenter.
Adaptations des entreprises :
- Reprise de la vente au détail et de l'hôtellerie : Ces secteurs pourraient bénéficier le plus d'une main-d'œuvre plus importante et motivée et d'une demande de consommation plus élevée.
- Accélération de l'automatisation : Les entreprises confrontées à une inflation des salaires pourraient accélérer l'automatisation pour équilibrer l'augmentation des coûts d'exploitation.
Équilibre budgétaire :
- Le gouvernement pourrait devoir compenser la perte de recettes fiscales par des augmentations d'impôts sur les sociétés ou des impôts indirects comme la TVA. Cela pourrait freiner l'optimisme du marché s'il est excessif.
Suppositions audacieuses et hypothèses éclairées
- Risque d'emballement et de déception de la consommation : Une dépendance excessive aux dépenses de consommation pourrait entraîner une reprise fragile si des facteurs mondiaux (par exemple, tensions géopolitiques ou chocs sur les matières premières) perturbent les marchés.
- Effets d'entraînement des politiques : En cas de succès, d'autres économies confrontées à des « chutes de revenus » (par exemple, la Corée du Sud, l'Allemagne) pourraient envisager des réformes similaires, influençant ainsi les marchés du travail mondiaux.
- Tendance du marché boursier : Le Nikkei 225 pourrait connaître une légère hausse, portée par la consommation intérieure et une main-d'œuvre plus engagée, mais les gains à long terme dépendront de la viabilité budgétaire.
Verdict final
Les réformes fiscales proposées représentent un effort audacieux pour s'attaquer aux problèmes économiques structurels du Japon. Bien qu'elles offrent des avantages potentiels en termes d'augmentation de la participation à la vie active et des dépenses de consommation, elles posent également des défis budgétaires importants. Une approche équilibrée qui harmonise les incitations économiques et la responsabilité budgétaire sera essentielle pour assurer une croissance durable et maintenir la stabilité financière du Japon.