Rappeurs français unissent leurs forces dans un hymne anti-extrême droite défiant 'No Pasarán', provoquant des préoccupations et des menaces juridiques de Marine Le Pen et suscitant un débat public.

Des rappeurs français lancent « No Pasarán » en réponse aux politiques d'extrême droite

Dans la nuit du lundi 1er juillet, vingt rappeurs français de renom ont sorti un puissant morceau de 10 minutes intitulé « No Pasarán », une position défi face à l'influence croissante du parti d'extrême droite Rassemblement National (RN). Initiée par le producteur reconnu Kore et le designer Ramdane Touhami, la chanson met en vedette des artistes de différentes générations, dont Akhenaton, Pit Baccardi, Fianso, Soso Maness, Mac Tyer, Demi Portion, Zola, Kerchak et RK. Cette sortie intervient dans un contexte de silence politique de la communauté rap, avec des paroles exprimant une opposition farouche au parti d'extrême droite et à ses idéologies. Cependant, les paroles controversées et agressives, y compris des insultes et des théories du complot, ont suscité un débat important.

Points clés à retenir :

1. Engagement artistique unifié : La chanson représente un effort collectif de la communauté du rap pour exprimer son désaccord à l'égard du RN et de ses politiques, rappelant les mouvements anti-extrême droite dans l'histoire du rap français.
2. Contenu controversé : Le morceau comprend un langage inflammatoire et des théories du complot, qui risquent de nuire au message politique initial.
3. Appel à des poursuites : Marine Le Pen a réagi vivement, appelant à des poursuites judiciaires contre les rappeurs pour un contenu qu'elle considère comme méprisant et diffamatoire.
4. Intention caritative : L'intégralité des recettes de la chanson sera reversée à la Fondation Abbé Pierre, une association soutenant les personnes sans-abri et démunies en France.

Analyse :

La sortie de « No Pasarán » marque un moment important à l'intersection de la musique et de la politique en France. Historiquement, les rappeurs français ont joué des rôles cruciaux dans le débat politique, en particulier contre les mouvements d'extrême droite. Le titre de la chanson, inspiré du slogan républicain espagnol contre le fascisme de Franco, témoigne de la gravité avec laquelle ces artistes perçoivent la menace que représente le RN. L'utilisation de séquences d'archives dans le clip vidéo ajoute une profondeur historique à leur message.

Cependant, l'impact de la chanson est compliqué par ses paroles explicites et provocantes. Des phrases telles que « F ** k le RN » et « Marine et Marion les p ** es » sont indéniablement agressives et potentiellement nocives, risquant d'aliéner certains auditeurs qui pourraient autrement soutenir le message anti-extrême droite. De plus, les références aux théories du complot impliquant les francs-maçons et les Illuminati risquent de compromettre la crédibilité de la position politique des artistes.

L'appel de Marine Le Pen à des poursuites judiciaires reflète la polarisation intense de la société française. Son tweet, qui se traduit par « Le nouveau front populaire. Ca donne envie, non ? J'espère que le procureur de la République engagera des poursuites contre cette abjection », met en lumière les implications légales et sociales de la chanson. Cette réaction pourrait donner lieu à un débat plus large sur la liberté d'expression par rapport à la haine en France.

Saviez-vous que ?

Ce n'est pas la première fois que des rappeurs français unissent leurs forces contre l'extrême droite. Après les élections présidentielles de 2002, les icônes du rap Kool Shen et Akhenaton ont collaboré pour rallier des voix contre Jean-Marie Le Pen. De même, après les émeutes de 2005, l'organisation Devoirs de Mémoires de JoeyStarr a mobilisé de jeunes électeurs. Des titres notables tels que « Diam's « Marine » (2004) et « Ma France à moi » (2006) ont également ciblé l'influence croissante de l'extrême droite. Le morceau actuel « No Pasarán » poursuit cette tradition, visant à susciter l'activisme politique parmi la jeunesse française.

Extraits des paroles en français :

Les paroles de « No Pasarán » sont explicites et provocantes. En voici quelques extraits :

• « F ** k le RN »
• « Jordan, tu es ** d’ mort »
• « Bardella veut fermer les frontières, mais les ** s viendront de Marbella »
• « La France, c'est nous, pas ces ** d'merde »
• « On vote contre les ** s »
• « Si les ** s passent, je sors avec un gros ** le »
• « F ** Marine et Bardella »
• « Ils sont tous francs-maçons »
• « Marine et Marion sont des ** c** s »
• « Ils veulent nous injecter des puces dans le sang »
• « F ** Zemmour »
• « Mon ** est en Palestine »
• « De la Seine au Jourdain, c'est la Palestine »
• « Allez, sortons les ** bayonnettes »
• « Je ** les ** s »
• « Ils ne passeront pas, mon pote est sous OQTF »

En conclusion, « No Pasarán » se pose comme un témoignage du rôle persistant de la musique dans l'activisme politique. Malgré ses éléments controversés, le morceau a réussi à relancer le débat public sur la place de l'extrême droite en politique française, démontrant ainsi la puissance de l'art pour susciter la réflexion et inciter au changement.