L'UE retarde la proposition controversée sur les services de messagerie
Reportage : L'Union Européenne retarde les négociations sur la proposition de scanner les services de messagerie pour détecter les contenus à caractère pédopornographique
L'Union Européenne a reporté les discussions concernant une proposition controversée visant à imposer le scan de contenus, telles que des images et des liens, au sein des services de messagerie tels que WhatsApp, Messenger et Signal, dans le but de détecter les contenus à caractère pédopornographique. Cette proposition fait craindre une éventuelle mise en péril des systèmes de chiffrement. Cette législation nécessite l'aval d'au moins 15 États membres de l'UE représentant 65% de la population de l'ensemble du bloc. Néanmoins, plusieurs pays clés, dont l'Allemagne, l'Autriche, la Pologne, les Pays-Bas et la République Tchèque, sont attendus en opposition ou en abstention en raison de préoccupations en matière de cybersécurité et de protection de la vie privée.
Les dirigeants du Conseil de l'UE ont cherché à surmonter cet obstacle depuis six mois dans le but de finaliser la loi. Compte tenu de la conclusion de la présidence du Conseil belge le 30 juin, il reste incertain que la nouvelle direction donnée au leadership en fasse une priorité. Patrick Breyer, anciennement député au Parlement Européen et activiste des droits numériques, considère le report du vote, influencé par les militants, comme un développement positif mais met en garde contre d'éventuelles nouvelles tentatives d'« extrémistes de la surveillance » au sein des gouvernements de l'UE.
Points clés à retenir
- L'Union Européenne retarde les discussions concernant la législation imposant aux services de messagerie de scanner les contenus à caractère pédopornographique.
- La proposition pourrait contraindre WhatsApp et Signal à compromettre le chiffrement dans le but du scan d'images.
- Les inquiétudes relatives à la vie privée amènent l'Allemagne et d'autres pays à s'opposer ou à s'abstenir lors du vote.
- Les critiques estiment que le filtrage de masse affaiblit le chiffrement et la protection de la vie privée.
Analyse
Le report de l'Union Européenne à imposer le repérage des contenus à caractère pédopornographique sur les plateformes de messagerie témoigne d'un affrontement entre la protection de la vie privée et la protection de l'enfance. Ce différend, impulsé par les préoccupations en matière de vie privée émanant des États membres clés, pourrait entraver les normes européennes en matière de cybersécurité et retarder les mesures essentielles en matière de protection de l'enfance. À court terme, ce report préserve la vie privée des utilisateurs mais prolonge le combat contre les contenus à caractère pédopornographique. À long terme, des tensions non résolues pourraient aboutir à une réglementation fragmentée, ce qui pourrait impacter la cohérence opérationnelle des entreprises technologiques et la confiance des utilisateurs. L'issue pourrait également influencer les politiques technologiques mondiales, en particulier concernant le chiffrement et la surveillance.
Saviez-vous que?
- Contenus à caractère pédopornographique (CSAM) : Il s'agit de tout contenu dépeignant des activités sexuellement explicites impliquant des enfants, ce qui est illégal et considéré comme un crime grave.
- Chiffrement : Il s'agit d'une méthode de communication sécurisée qui empêche des tiers d'accéder aux données transmises, reçues ou stockées. Dans le contexte de la proposition de l'UE, le chiffrement est une source de préoccupation importante car il pourrait être compromis par le scan requis, ce qui exposerait les données des utilisateurs à d'éventuelles intrusions et affaiblirait la confidentialité et la sécurité des communications.
- Věra Jourová : Vice-présidente de la Commission Européenne