
Les revenus de e& en 2024 montent en flèche, mais les bénéfices s'effondrent à cause des coûts réglementaires
Les revenus de e& montent en flèche, mais les bénéfices s'effondrent sous le poids des coûts réglementaires
Hausse des revenus, mais baisse de la rentabilité
Emirates Telecommunications Group a affiché de solides performances en termes de revenus en 2024, passant de 53,75 milliards de AED à 59,20 milliards de AED. Le bénéfice d'exploitation a suivi le mouvement, bondissant de 15,87 milliards de AED à 20,06 milliards de AED, ce qui témoigne de l'efficacité opérationnelle et de la résilience de la demande. Cependant, cette dynamique positive a été éclipsée par une baisse du bénéfice net et du bénéfice par action - un décalage qui soulève des inquiétudes majeures pour les investisseurs.
Le bénéfice net a chuté de 11,14 milliards de AED à 10,58 milliards de AED, tandis que le BPA a diminué, ce qui contredit les attentes selon lesquelles l'expansion des revenus devrait stimuler les rendements pour les actionnaires. Les facteurs sous-jacents à cette divergence révèlent des vents contraires structurels et financiers plus profonds qui pourraient peser sur les performances futures de l'entreprise.
La pression réglementaire s'intensifie : le fardeau des redevances et des impôts
Un facteur clé de cette compression de la rentabilité est l'augmentation significative des dépenses réglementaires :
- Les redevances fédérales ont grimpé en flèche, passant de 3,29 milliards de AED à 5,28 milliards de AED, en raison d'un changement de politique imposant une redevance de 38 % sur le bénéfice net total des ÉAU. Ce nouveau cadre signifie que e& paie désormais des redevances plus élevées sur les flux de revenus réglementés et non réglementés, ce qui a un impact direct sur les marges nettes.
- Les dépenses d'impôt sur les sociétés ont augmenté suite à l'introduction de la loi sur l'impôt sur les sociétés des ÉAU en 2024, ce qui ajoute une nouvelle couche de pression sur les coûts.
Ces changements réglementaires marquent un changement structurel dans le paysage financier de e&, signalant que les défis de rentabilité pourraient persister à moins d'être atténués par des ajustements de coûts, des stratégies de tarification ou une action de lobbying auprès des autorités de régulation.
Acquisitions et goodwill : une arme à double tranchant
e& a poursuivi une expansion mondiale agressive, en réalisant des acquisitions majeures dans PPF Telecom Group, Glasshouse et Careem CTHL. Bien que ces opérations renforcent la portée du marché et le portefeuille de services de l'entreprise, elles introduisent également une complexité financière :
- Le goodwill a grimpé en flèche pour atteindre 27,29 milliards de AED, ce qui représente une part importante du bilan. La valorisation de ces acquisitions doit être examinée de près, car toute dépréciation pourrait entraîner des dépréciations importantes.
- Les préoccupations de l'auditeur concernant les regroupements d'entreprises et les tests de dépréciation du goodwill suggèrent des risques potentiels pour les bénéfices. Même des ajustements mineurs des taux d'actualisation ou des hypothèses de croissance pourraient déclencher des charges de dépréciation, ce qui aurait un impact négatif sur la rentabilité future.
Des risques de liquidité et de refinancement se profilent
e& est confronté à une pénurie de liquidités à court terme, les passifs courants dépassant les actifs courants de 18,136 milliards de AED. L'entreprise reste confiante quant au refinancement, mais avec des emprunts importants arrivant à échéance en 2025, les investisseurs doivent évaluer :
- Les conditions de refinancement : des taux d'intérêt plus élevés ou des conditions plus strictes affecteront-ils la rentabilité ?
- La viabilité des flux de trésorerie : e& peut-il générer suffisamment de fonds internes pour assurer le service de ses obligations sans diluer la valeur actionnariale ?
Si les conditions de financement se resserrent ou si les opérations commerciales ne parviennent pas à compenser la hausse des coûts, les contraintes de liquidité pourraient forcer des cessions d'actifs ou des restructurations, ce qui aurait un impact sur la confiance des investisseurs.
Points clés pour les investisseurs : ce qu'il faut surveiller
- Gestion des coûts réglementaires - e& peut-il atténuer l'impact à long terme de l'augmentation des redevances et des impôts sur les sociétés ? Y aura-t-il des ajustements de prix ou des mesures de réduction des coûts pour compenser ces charges ?
- Stabilité de la valorisation du goodwill - Compte tenu des acquisitions agressives, quel est le risque de dépréciations, et dans quelle mesure les hypothèses financières de l'entreprise sont-elles prudentes ?
- Stratégie de refinancement de la dette - Comment e& va-t-il gérer le défi du refinancement de 2025, et les coûts d'emprunt vont-ils augmenter dans un marché du crédit qui se resserre ?
- Réalisation des synergies issues des acquisitions - Les gains d'efficacité et les synergies de revenus attendus se concrétisent-ils, ou des difficultés d'intégration persistent-elles ?
Perspectives : croissance vs. pressions structurelles
Bien que les activités principales de e& restent solides, les coûts réglementaires, les risques liés au goodwill et les pressions sur la liquidité introduisent de l'incertitude. Les investisseurs devraient adopter une approche prudente mais observatrice, en cherchant à évaluer la capacité de la direction à surmonter ces vents contraires. Un équilibre réussi entre l'efficacité des coûts, les négociations réglementaires et l'intégration des acquisitions déterminera si e& peut maintenir sa trajectoire de croissance à long terme - ou faire face à une compression continue des marges dans les années à venir.