La startup chinoise de robotique AgiBot dévoile le modèle d'IA GO-1 pour améliorer l'intelligence intégrée

Par
Reynold Cheung
5 min de lecture

AgiBot, la start-up chinoise de robotique IA, dévoile GO-1 : Révolution ou simple coup de pub ?

AgiBot présente GO-1 : Un grand pas en avant dans l'IA générale incarnée ?

L'industrie robotique chinoise connaît une vague d'innovation, et AgiBot, une start-up à croissance rapide, fait les gros titres. L'entreprise, cofondée par Peng Zhihui, un ancien ingénieur de Huawei, a récemment dévoilé son GO-1, un modèle d'IA générale incarnée qui intègre une architecture Vision-Langage-Latent-Action. Ce développement positionne AgiBot à l'avant-garde de la robotique basée sur l'IA, mais les experts du secteur se demandent s'il s'agit d'une avancée majeure ou d'une simple expérience surmédiatisée.

Selon AgiBot, GO-1 exploite un modèle Vision-Langage combiné à un cadre "Mixture of Experts", permettant aux robots d'apprendre à partir de vidéos de démonstrations humaines. Cette méthode promet une généralisation rapide avec un minimum de données d'entraînement, abaissant ainsi la barrière au déploiement de l'IA incarnée sur diverses plateformes robotiques. Bien que l'entreprise vante le potentiel de GO-1, certains sceptiques estiment que ses avancées technologiques, bien que précieuses, sont loin d'être révolutionnaires.

Qui est Peng Zhihui et pourquoi AgiBot est-il important ?

Peng Zhihui, un ancien membre du programme "Jeunes de Génie" de Huawei, a quitté le géant technologique chinois en 2022 pour lancer AgiBot. En deux ans, la start-up s'est positionnée comme un acteur national majeur de la robotique, attirant l'intérêt des investisseurs et des talents de tout l'écosystème chinois de l'IA. La précédente étape importante d'AgiBot, le robot humanoïde Expedition A1, a démontré sa capacité à intégrer l'IA avec du matériel robotique, préparant le terrain pour GO-1.

L'entreprise a investi massivement dans la R&D, formant un laboratoire commun avec l'Université de Pékin au début de l'année 2024 pour relever les défis fondamentaux de l'intelligence incarnée. Contrairement à la recherche traditionnelle en IA, qui repose souvent sur des environnements de simulation, AgiBot collecte des ensembles de données vidéo du monde réel pour entraîner ses modèles, évitant ainsi les transferts simulation-réalité coûteux et souvent peu pratiques. Cette approche, bien que prometteuse, exige un investissement important en capital, ce que seules les start-ups bien financées peuvent supporter.

GO-1 peut-il résoudre le problème de la généralisation ?

Un défi majeur de la robotique est la généralisation, c'est-à-dire la capacité d'appliquer les comportements appris à de nouveaux environnements et tâches sans réentraînement. Les systèmes robotiques actuels ont tendance à trop s'adapter à des tâches spécifiques, excellent dans des environnements contrôlés, mais échouent lorsqu'ils sont exposés à des variables inattendues.

Les modèles robotiques RT-1 et RT-2 de Google ont tenté de résoudre ce problème en utilisant des architectures basées sur des transformateurs, mais même ces systèmes de pointe ont du mal à se généraliser dans le monde réel. GO-1 d'AgiBot suit une philosophie similaire, intégrant une prise de décision basée sur des vecteurs latents pour prédire et exécuter des actions de manière dynamique. Cependant, les critiques estiment que la dépendance du modèle à l'égard de l'entraînement basé sur la vidéo limite son adaptabilité au-delà des scénarios prédéfinis.

Par exemple, si un robot équipé de GO-1 peut parfaitement imiter une tâche effectuée dans une vidéo de formation, le transfert de cette compétence à un environnement réel encombré et imprévisible reste un défi. C'est la principale raison pour laquelle les robots humanoïdes peuvent exécuter des mouvements complexes, comme danser sur scène, mais échouent souvent à des tâches simples comme verser du thé ou ouvrir une porte lorsque les conditions diffèrent des données d'entraînement.

Le paysage du marché : Optimus de Tesla et la poussée de la robotique en Chine

La démarche d'AgiBot s'inscrit dans une tendance plus large des industries technologiques et automobiles chinoises, où les principaux acteurs se lancent dans le secteur de la robotique humanoïde. Des constructeurs automobiles tels que Xiaomi et BYD ont manifesté leur intention d'investir dans la robotique, principalement en raison des progrès réalisés par Tesla avec son robot humanoïde Optimus.

Le projet Optimus de Tesla, encore à ses débuts, est largement considéré comme un symbole plutôt qu'un produit commercialement viable. Cependant, son existence oblige les concurrents, en particulier en Chine, à aligner leurs stratégies de R&D sur la feuille de route de Tesla. Cela explique pourquoi les constructeurs automobiles chinois, malgré une valeur commerciale limitée à court terme, misent sur la robotique humanoïde comme un différenciateur à long terme.

Mais cette ambition est-elle réaliste ? Les experts du secteur estiment que l'IA physique, où les machines fonctionnent de manière autonome dans des environnements réels, reste un objectif lointain. Les contraintes matérielles à elles seules sont immenses, nécessitant des avancées en matière d'efficacité énergétique, de dextérité et d'adaptation de l'IA en temps réel. Même si des entreprises comme AgiBot parviennent à affiner la partie logicielle, l'augmentation de la production et la réalisation d'un déploiement rentable constituent une autre bataille.

Point de vue de l'investissement : AgiBot est-il un pari risqué ?

Du point de vue d'un investisseur, AgiBot représente une opportunité intéressante, mais à haut risque. L'industrie de la robotique est réputée pour ses cycles de développement à forte intensité de capital et ses horizons de retour sur investissement longs. Contrairement aux entreprises d'IA basées sur des logiciels, qui peuvent se développer rapidement, les start-ups de robotique doivent composer avec les chaînes d'approvisionnement de matériel, les approbations réglementaires et les tests en conditions réelles, autant d'éléments qui ajoutent des niveaux de complexité.

Actuellement, AgiBot bénéficie d'un soutien important et d'un avantage de pionnier en Chine, mais le maintien de la croissance nécessite plusieurs cycles de financement. Sans un soutien financier constant, même les entreprises de robotique les plus innovantes peuvent échouer. À titre de comparaison, des entreprises comme Boston Dynamics ont eu du mal à se commercialiser malgré des décennies de développement de pointe.

Pour les investisseurs en capital-risque et les investisseurs institutionnels, les questions clés sont les suivantes :

  • AgiBot peut-il obtenir un financement à long terme pour affiner sa technologie et augmenter sa production ?
  • L'architecture de GO-1 se traduira-t-elle par des cas d'utilisation réels, ou s'agit-il simplement d'un exercice théorique ?
  • Comment les facteurs réglementaires et géopolitiques affecteront-ils l'écosystème robotique chinois et les perspectives d'expansion mondiale d'AgiBot ?

Boom ou bulle de la robotique ?

L'enthousiasme suscité par l'IA incarnée et la robotique humanoïde est palpable, mais l'impact réel reste incertain. GO-1 d'AgiBot représente une étape importante, mais les défis fondamentaux du secteur, à savoir le coût, la généralisation et la commercialisation, persistent.

La poussée de la Chine dans la robotique est en partie motivée par la nécessité de démontrer sa domination technologique, mais il reste à savoir si cela se traduira par une activité durable. Les investisseurs doivent aborder cet espace avec un mélange d'enthousiasme et de prudence, en reconnaissant que la robotique basée sur l'IA est un marathon, pas un sprint.

Au fur et à mesure qu'AgiBot poursuit son développement, sa capacité à démontrer des applications concrètes, à obtenir des financements et à affiner ses capacités de généralisation déterminera s'il se distinguera comme un perturbateur du secteur ou s'il rejoindra la longue liste de start-ups de robotique ambitieuses qui n'ont pas répondu aux attentes.

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